Mardore, encore :o) Deuxième session des chantiers écoles

Voui voui, 3 jours entiers de chantiers école (les 1,2 et 3 août)… Trois jours pour installer les tuyaux pour le chauffage au sol, pour couler une chape par dessus et installer un sol en tomettes…

Comme d’habitude, avec la rassurante professionnelle présence de Monique Cerro de Terre Pierre et Chaux, tout s’est bien entendu plus que bien passé, dans une ambiance familiale, amicale et encore Ô combien studieuse et travailleuse. La preuve, tout a presque été bouclé malgré un long déjeuner le dernier jour, c’est dire…

Mais bon, si Monique pouvait cesser de nous ramener la pluie, ça serait aussi sympa… ;o)

Bon, même pas vrai d’abord, car il a plutôt fait beau pour un premier WE d’Août ^_^

Attention encore, trois jours de chantiers résumés en un seul billet, ça va être long à lire… pour ceux qui le liront.

Tout a donc commencé en cette pluvieuse journée du 1er Août. C’était un vendredi, je m’en souviens encore :o) Arrivée à la maison de Clémence, Christophe et de leur fils Adam au petit matin, juste après l’aube, vers 9h30… :o)
Démarrage en douceur, on se raconte autour d’une chaude tasse de café les quelques aventures depuis le dernier chantier, et ensuite, c’est parti… euh, parti pour quoi au fait ?

Clémence et Christophe ont fait le choix d’un chauffage au sol, solaire thermique associé au bois (le type de chauffage au bois n’est pas encore bien défini, mais cela ne change rien pour le sol (granules, plaquettes, autres,…)). Lors du 1er chantier, cf lien ci-dessus, nous avions terminé par une dalle chaux-billes d’argile. Entre temps, Christophe et Monique ont déversé sur cette dalle une couche de 6-7 cm d’un mélange de liège en vrac et chaux (5 vol de liège en vrac pour 1 volume de chaux hydraulique NHL5). Cette couche servira de support pour les tuyaux de chauffage. Ils seront théoriquement fixés avec de longues agrafes spécialement dédiées.

Mais ces agrafes sont dans la camionnette avec Ali et Jean-François (alors là j’ouvre une amusante parenthèse, voilà « ( » pour vous présenter Jean-François. Jean-François, vous avez vu comme j’écris souvent son prénom ? :o), est, et c’est une incroyable coïncidence, le technicien spécialisé dans le chauffage bois rencontré ici. C’est complètement fou que l’on se rencontre encore ici, près de Mardore, sur un chantier perdu au milieu de nulle part (je dis ça car il y a de la brume en cette première journée). Une fois de plus, le monde se rétrécit encore un petit peu :o). Je referme la parenthèse « ) », voilà…). Dingue dingue dingue… Une rencontre en tout cas aussi sympathique et conviviale que sur le salon EcoHome de Lyon. Jean-François, en écologiste éclairé est curieux de tous ces types de chantiers, et surtout collabore de plus en plus étroitement avec Ali, pour leur grande complémentarité à tous… Toujours est-il que les agrafes sont dans leur camionnette, et que leur camionnette n’arrive pas. Enfin si, elle arrivera, mais avec 1 bonne heure de retard. Et c’est donc, vers 11h que tout le monde se lance dans les grandes manoeuvres. En effet, avant toute chose, il faut percer deux trous dans un des murs de 50cm de pierre pour faire passer les tuyaux de chauffage (un pour entrer et l’autre pour sortir). Ceci fait, on commence à dérouler le long tuyaux et à poser la 1ère agrafe…

zjprodje fait l’agrafe en plastique en ne se plantant pas dans le mélange liège-chaux… Elles se planteraient mieux dans des plaques de liège, mais le prix n’est pas le même… Et ces agrafes n’ont qu’un seul but finalement, maintenir le tuyau en place le temps de couler la chape par dessus, car une fois la chape dessus, avec son poids, le tuyau ne bouge plus de toute façon. Alors, Système D, une fois de plus. Un mortier de chaux-sable les maintiendra fixe, avec un gros cailloux dessus le temps que cela sèche. C’est lourd les cailloux… mais le résultat est là, et plus rien ne bouge. Même avec la mise en eau des tuyaux.

Les tuyaux sont en effet remplis deau afin qu’ils s’expansent au maiximum de leur diamètre. Sinon, si on coulait la chape par dessus alors qu’ils sont vides, ils n’auraient pas la place de s’étendre dans la chape sèche.

Le résultat est très joli, on dirait un jardin japonais, en un peu moins zen ;o)

Fin de la 1ère journée…

Jour 2

Le jour suivant, rendez vous avec la chape. C’est ze bétonnière day. Le mélange utilisé aujourd’hui sera :
– 2 volumes de chaux
– 5 volumes de sable

Les tuyaux au sol nous empêche d’utiliser la brouette pour amener le mortier dans la pièce. C’est donc avec les seaux que cela se passera. De la bétonnière à la brouette, de la brouette aux seaux, des seaux au sol. Christophe à la bétonnière, moi au transport, Monique au niveau. Car c’est sans guides que sera coulée la chape. Les niveaux seront réalisés de manière manuelle, à l’oeil. Et quel oeil ! sans vouloir dévoiler la fin, c’est sur un sol parfaitement plane que seront posées les tomettes… Quand on vous dit que Mam’Cerro c’est ze queen of ze Chaux. Car dans ce type de pièce, avec des murs pas forcément droit, avec les tuyaux au sol, un mortier parfois un peu plus humide que le suivant, ou l’inverse, rien n’est plus facile que tout se termine en pente douce. Mais non, le professionnalisme, la formation et l’expérience de Monique font que tout se déroule sans accrocs… mais pas sans quelques injures ;o)

Les pierres sont enlevées au fur et à mesure de l’avancée de la chape, les tuyaux ne bougent pas d’un poil de iota. :o)

La journée fut longue. Mais comme annoncé précédemment, tout se terminera bien, sol plan, prêt à accueillir les tomettes du lendemain.

Concernant l’inertie de la chape, en gros, avec un système de chauffage au sol, elle est d’une heure par centimètre. C’est à dire qu’une chape de 4 cm restera encore chaude 4 heures après la coupure du chauffage. Pas la peine de faire une chape de 20cm non plus pensant économiser du chauffage, car les tuyaux seront trop loin du sol pour être efficace, n’oublions pas que nous sommes sur des chauffages basse température :o)

Hum, ayant oublié mon appareil photo ce jour là à la maison, je n’ai pas de photos à vous montrer, mais non seulement vous en avez quelques unes ici, mais en plus, je vous offre ce bel et bucolique interlude…

Jour 3

hmmmm…. c’est Dimanche. Chouette, c’est le jour des tomettes :o)

Les carreaux de terre cuite ont bien trempé dans l’eau ces derniers jours, voire sous la pluie pour certains. Pourquoi ce bain ?

La terre cuite aime l’eau, elle l’absorbe de tout son être. Donc, avant de poser un carreau sur une chape humide, il vaut mieux le saturer d’eau avant, ainsi, il n’absorbera pas toute celle de la chape, et adhérera donc mieux. De grandes piscines à carreaux sont donc nécessaires pour le trempage des carreaux. Je vais de ce pas mettre cet article à jour d’ailleurs.

Après, ou avant le trempage ; ici se sera après, il faut aussi les trier.

Je fais ici un aparté sur le choix des tomettes.
Il existe plusieurs qualités de tomettes. Des infinités de couleur, de taille, et différentes gammes (de prix). Le 1er choix est souvent uniforme, de qualité égale, et à un prix assez élevé. Certains aiment bien l’uniformité, ach…
Le second choix est lui plutôt composé de tomettes de qualités inégales (épaisseur, couleur) mais non seulement est à un prix plutôt intéressant (en gros 2 fois moins cher que le 1er choix), mais offre le rendu d’un sol ayant déjà vécu. Un côté « ferme » que l’on recherche souvent en posant des carreaux de terre cuite.
Pourquoi des tomettes en terre cuite plutôt que des carrelages standards ? Hors un rendu esthétique qui est propre à chacun, la terre cuite permet au sol de respirer, d’évacuer son trop plein d’eau, elle possède une très bonne inertie et reste donc chaude même lorsque le chauffage est coupé. Sans compter l’apport du soleil sur ce type de sol. Il n’aurait servi à rien de faire des chapes en béton de chaux, sur un hérisson ventilé, pour hermétiser le tout avec du carrelage.

Mais il nécessite un tri, et quelques retouches afin de ne pas s’abimer un petit orteil lors d’un pas matinal un peu trainant :o)
Pour cela, il suffit d’avoir une meuleuse manuelle, ou une lime d’un calibre et d’un grain adapté, voire les deux.

La barbotine utilisée pour coller les carreaux à la chape sera composée d’un mélange d’ :
– un volume de chaux NHL5
– un volume d’eau

Le rendu est une sorte de pâte à gâteau assez liquide (si ça vous parle pas, vous n’avez qu’à vous inscrire à des chantiers école ICI, na!).

Avant la pose, on aligne quelques carreaux histoire de donner un sens et un point de départ, on peut tracer aussi quelques lignes d’horizon afin de faciliter et de vérifier l’alignement des carreaux suivant. Christophe et Clémence, soutenus par Monique, ont fait le choix d’une orientation en diagonale des carreaux, afin d’améliorer le rendu final, et de donner un peu plus de profondeur à cette petite pièce. Ca fait un peu plus de boulot, en découpe surtout, mais au final, le résultat est vraiment incomparable et on ne regrette pas ce surcroît de boulot.

Le principe de pose est simple, on étale la barbotine au gobelet (du gâteau liquide je vous dis :o) ), on étale un peu mieux à la truelle, et on pose le carreau, DANS LE BON SENS. Car oui, les tomettes ont un sens, un dessus et un dessous. C’est en rapport avec la chaîne de fabrication.

Entre la découpe, le rognage des angles, la préparation de la « colle », la pose et l’alignement des carreaux sera pris un long, long déjeuner au soleil… Ce long long déjeuner au soleil n’empêchera pas de poser tous les carreaux à la fin de la journée, mais ne nous laissera pas le temps d’étaler des joints entre les carreaux. Ce jointayage se fait avec un mortier de chaux, mais ne l’ayant pas fait, je n’ai pas encore sa composition, mais je mettrai cet article à jour dès que possible.

Certains posent les carreaux de tomettes au fur et à mesure que la chape est coulée. On déverse le mortier de la chape, on met à niveau et zou, on colle des carreaux direct dessus, et on continue à couler la chape, et ainsi de suite. Cela nécessite une certaine expérience, et ne laisse surtout pas le droit à l’erreur. Contrairement à la solution que nous avons appliqué…
Pour le jointoyage des carreaux, certains appliquent des méthodes plus « traditionelles » en collant les carreaux au plus près, à quelques millimètres d’écart, et ne mettent rien entre, et laissent le temps, et la poussière et la boue sous les bottes remplir les interstices. Question rendu rustique, y a pas de comparaison possible :o)


En guise de conclusion de ces deux sessions de chantier école, en incomplet et en vrac :

  • Au final, de nombreuses couches ont été utilisé, en partant de la terre :
    • le hérisson, composé de gros cailloux/rochers, tuiles cassées
    • mélange de sable / galets
    • dalle de chaux avec des billes d’argile
    • couche de mélange de liège en vrac et chaux
    • tuyaux de chauffage au sol et chape chaux
    • carreaux de tomettes
    • Ces couches permettront contrairement au vilain et rigide béton de ciment habituel, une bonne régulation de l’hygrométrie, une souplesse qui n’autorisera pas de fissures, aucun rayonnement électromagnétique (surtout que la dalle n’est pas « armée » de ferraille), une très bonne inertie thermique, une bonne perspiration, et surtout la certitude de n’avoir employé que des matériaux écologiques et SAINS !

  • Au risque de me répéter, l’avantage indéniable de participer à de tels chantier est l’incommensurable expérience que cela apporte, pas seulement grâce aux nombreux échanges qui s’y font, mais aussi parce que quand vous lisez que la texture de tel ou tel mortier doit s’apparenter à une sorte de pâte à gâteau assez humide, cela ne vous parlera pas autant que si vous l’aviez fait ou vu vous même ;o)
  • Travailler sur les chantiers de Monique Cerro, c’est un peu comme de découvrir un nouveau métal pour un astro-physicien. La comparaison peut sembler un peu forte, mais si on y réfléchit bien, ces quelques jours passés à travailler ensemble ont été non seulement un apport d’expérience inégalé jusqu’alors (dans ce domaine en tout cas), mais surtout la promesse de découvertes encore plus grandes pour la suite…
  • Vivement que nos chantiers à nous commencent, car bosser chez les autres, c’est très bien, mais ça donne envie de s’y mettre chez soi :o)

9 réponses sur “Mardore, encore :o) Deuxième session des chantiers écoles”

  1. Salut Antoine !!

    d’abord, c’est même pas moi qui apporte la pluie ! C’est elle qui se déclenche à tous les coups quand j’arrive ! Serait-il présomptueux de croire que le ciel roannais pleure de joie ??? Pfff….euh…. je le crains oui…. :o)))
    Alors comme je vais venir souvent puisque je gère les travaux à Mardore, vous allez avoir un temps pourri une fois par mois environ… C’est un bon moyen pour savoir que je passe par là, tiens, puisqu’il paraît qu’il fait beau le reste du temps !! :((

    Sinon, bravo pour le topo… Je trouve la comparaison avec l’astro-physicien très rigolote !!! C’est bien d’un scientifique qu’une telle image peut venir !! :o) En tous cas, je prends le compliment…. 😉

    A bientôt !

  2. … ben mon Antoine, si je t’avais pas tanne avec Monique-par-ci Chaux-Moinique-par-la, t’aurais pas grand chose a mettre dans tes fils interminables 😀 😀

    Plus ca vient, plus j’ai envie de voir la Bete !! Je parle bien sur du superbe animal a 4 pattes noir moiré de marron et blanc. J’adore les betes … qui se ressemblent s’assemblent quoi meme si je suis plutot sanglier (de champagne-ardennes) que chien des pyrennees.

  3. eh Tony, le Chamalow n’est pas pyrénéen mais d’origine suisse. Et puis c’est pas du marron, c’est du caramel !! C’est un Bouvier Bernois… d’où son calme et sa bonhommie . Euh, quoique par jour d’orage, il s’agite un peu je trouve…. 🙁

    ah! au fait…. la bête t’attend de pied ferme 😉

  4. hello le frerot
    moi je veux juste dire que je suis super impressionnée et tres fiere de toi, de vous, de votre projet.
    Ca prend tournure, vous savez trouver les bonnes personnes, les bons conseils, et puis surtout…quelle energie !!
    Il fera bon vivre chez vous!
    bisous

  5. EUH…..Bonjour, voici un mail un peu décalé dans le temps, mais en fait nous découvrons votre site et oh surprise il y aurait sur Mardore et alentours des gens susceptibles d’échanger autour de nos préoccupations. Nous serions intérréssés par une étude de chantier école et puis en premier lieu parler d’autres choses que de la pluie et du beau temps avec les gens de …Mardore. Car, en effet, nous habitons Mardore depuis presque trois ans et le ciel ne se dégage que trés trés doucement. snif.
    Voilà si quelqu’un est quelque part dans la nébuleuse Mardoulone faites vous connaitre. Merci.

  6. Bonjour,

    eh bien je suis devenue mardoulone depuis début août puisque j’y ai acheté une maison. <il suffit de me contacter sur mon site

    Monique

    1. Mince alors!

      Je savais que tu voulais quitter le sud pour te rapprocher un peu, mais là, quelle surprise ! à Mardore ??? Je connais un M. Jaouen que ça doit bien faire rigoler tout ça.

      Eh, tu ne crains pas les rigueurs de l’hiver ? ^_^

      Eh bien, en tout cas, c’est une bonne nouvelle, j’espère que l’on pourra se voir tantôt, et si tu as besoin d’un coup de main pour l’emménagement, ou des travaux, n’hésite pas à me le dire, on est presque voisin maintenant :o)

      et cette maison ? donne nous des détails ^_^ tu as toujours mon email.

      Bizz

      Antoine

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *